Conférence à MONTFARVILLE
Association Montf'Art Vie et Patrimoine

MOULINS DU VAL DE SAIRE

Marcel Roupsard

JEUDI 8 AOÛT 2013

17h salle municipale


Accueil : http://www.decouvrir-montfarville.fr

Près de 100 personnes ont apprécié cette conférence riche en explications et documents

MOULINS DU VAL DE SAIRE

usqu'au milieu du XIXe siècle, le Val de Saire a compté de très nombreux moulins à eau. En s'en tenant à la vallée proprement dite et au territoire situé plus au nord, entre Bretteville et Barfleur, environ 80 sites peuvent être identifiés : 30 sur la Saire elle-même, 20 sur ses affluents et une trentaine sur les petits cours d'eau de la côte nord.

Construits au cours des siècles depuis le haut Moyen-âge, ils avaient pour fonction principale de moudre les céréales produites sur place par les paysans, sous le contrôle des seigneuries laïques ou ecclésiastiques. Quelques-uns avaient d'autres spécialités : broyage des graines oléagineuses (moulins à huile), broyage de l'écorce de chêne (moulins à tan), finition des tissus (moulins à foulon). Le développement des industries et des transports a réduit rapidement ces activités depuis cent cinquante ans.

À côté de ces moulins, présents sur tout le territoire, des établissements plus importants ont utilisé l'énergie hydraulique de la Saire pour des productions industrielles : les forges de Gonneville au XVIe siècle, les moulins à papier du Vast aux XVIIe-XVIIIe siècles, les filatures de coton de Gonneville et du Vast et les laminoirs à zinc de Valcanville au XIXe siècle. Le phénomène général de concentration des activités industrielles a fait disparaître ces activités.

Au début du XXe siècle, quelques meuniers ont pu moderniser leurs équipements pour continuer de produire, mais aujourd'hui un seul est parvenu à se maintenir. Malgré la quasi-disparition des activités liées à la ressource hydraulique, les anciens moulins et établissements industriels marquent encore les paysages du Val de Saire.

Voici quelques notes de Marcel Roupsard dont on remercie

LES MOULINS DE LA SAIRE

Du Memil-au-Val à Réville, la Saire s'écoule d'ouest en est, sur un parcours d'environ 30 kilomètres, avec une dénivelée totale de 145 mètres, soit une pente moyenne de 0,5t%. Son énergie a été utilisée depuis le haut moyen âge pour faire tourner de nombreux moulins. Sur son cours, 32 sites ont été dénombrés et il faut en ajouter 22 autres sur les principaux affluents. Une plus grande densité peut être notée dans trois secteurs : entre le Mesnil-au-Val et Gonneville, au Vast et surtout de Valcanville à Anneville-en-Saire où le débit est le plus important (une dizaine de sites utilisés sur 4 km de rivière).
Autrefois, la principale utilité des moulins était de transformer la production agricole, et spécialement celle de céréales, destinée à la consommation vivrière locale. S'y ajoutaient des moulins à huile, à tan, à foulon (pour dégraisser et assouplir les tissus fabriqués sur place) ; plusieurs de ces fonctions pouvaient d'ailleurs être regroupées dans un même moulin. Dès le 16ème siècle, des activités manufacturières ont fait leur apparition; c'est ainsi que Gilles de Gouberville mentionne les forges de Gonneville qui utilisaient l'énergie de la Saire. Aux 17ème siècle et 18ème siècles, 2 moulins à papier tournaient au Vast, en relation avec les moulins de la haute vallée de la Sée, près de Sourdeval. Au début du 19ème siècle, I'industrie s'est vraiment développée avec I'ouverture des filatures de coton de Gonneville et du Vast et celle des laminoirs à zinc de Valcanville. Vers 1830, ces activités employaient près de 1000 personnes dans la vallée de la Saire qui était alors le principal foyer industriel du Cotentin; elles ont périclité dès le milieu du 19ème siècle, pour disparaître vers 1880, à cause de la concurrence de régions mieux situées et mieux pourvues en énergie et en infrastructures de transports.
Les moulins à céréales ont aussi connu leur apogée au milieu du 19ème siècle ; leur nombre a ensuite rapidement décru en raison du recul de l'économie vivrière et de l'orientation de l'agriculture cotentinaise vers la production laitière. Néanmoins, sur la partie aval du cours de la Saire, quelques uns ont maintenu une activité au début du 20ème siècle en se reconvertissant, comme au moulin de la Planque à Valcanville devenu la laiterie Bretel, ou en se modernisant, tels le moulin de I'Hôpital à Valcanville, le moulin de la Ville et le Grand Moulin à Anneville et le moulin d'Esseulles au Vicel qui, depuis une quarantaine d'années est le dernier à fonctionner, utilisant toujours l'énergie hydraulique.
Avant la Révolution, le moulin d'Esseulles était sans doute annexé au manoir de Haut-Lieu, tout proche, dont dépendait aussi le moulin Foulon, situé 500 mètres en amont. En 1830, il était la propriété de son meunier, Pierre LECOINTRE, qui I'a vendu vers 1835 à Jacques ALIX. Depuis, sa transmission s'est faite par héritage, d'abord à la famille LALLEMAND, puis à la famille ROUPSARD qui I'exploite depuis 1901.
Marcel ROUPSARD

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