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LE VAST
Extraits de CHARLES BIRETTE " le VAL DE SAIRE ILLUSTRE "

Le Vast est comme une ravissante clairière entre les bois de Boutron, de Pépinvast et de Boisnet. C'est " un des sites les plus pittoresques de la Basse-Normandie. Collines boisées, vallons, rivières, cascades, prairies vertes et landes arides, tout s'y donne rendez-vous. Mais les artistes :n'y viennent guère, les touristes pas davantage, parce que les hommes sont d'incorrigibles routiniers, qui ne connaissent de chemin bon, à leur avis, que la brèche par où sont passés les autres ". (1)
On ne met plus en doute aujourd'hui que le Vast ait été le lieu natal du Père Michel Le Tellier, jésuite, devenu confesseur de Louis XIV à la mort du Père de La Chaise. C'est par erreur que Moréri l'avait fait naître à Vire ou dans ses environs, confondant sans doute les vaux de Vire avec les vaux du Vast qui sont moins célèbres. I] résulte d'onc d'un examen plus attentif que le Père Le Tellier, dont on apprécie diversement l'influence sur le grand Roi en matière religieuse, naquit au Vast, à la lisière du bois de Boutron, le 16 octobre 1643. (2)

L'EGLISE DU VAST

II faut placer l'église du Vast parmi les plus beaux monuments du Val de Saire.
Le chœur date du commencement du XVe siècle. La voûte est entrecroisée d'arceaux en ogive qui retombent sur des colonnettes munies de bases et de chapiteaux. Le chevet est droit et percé d'une belle fenêtre rayonnante : son vitrail divisé en quatre panneaux est l'un des plus remarquables du département.
Le reste de la primitive église avait subsisté jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle. En 1863, l'abbé Anger, secondé par le maire M. Fontenilliat, fit reconstruire la nef, les bas côtés et la tour, tels que nous les voyons aujourd'hui. Le style est celui du XIIIe siècle, très simple mais très pur, avec des fenêtres à lancettes sans divisions. Le clocher a deux étages, dont le second est éclairé sur chaque face par deux longues baies en ogive encadrées de tores et de colonnettes ; il est coiffé d'une flèche et de quatre clochetons.

DES MOULINS AUX CASCADES

A la fin du XVIIIe siècle, M. Philippe Fontenilliat, négociant à Rouen, achetait la terre du Vast pour y construire un établissement industriel. Quatre anciens moulins dépendaient de cette propriété, dont deux à blé et deux à papier. (Les papetiers étaient venus de Vire au XVIIe siècle).
M. Fontenilliat, après avoir détruit trois moulins, réunit leurs chutes en y ajoutant celle du 4e qu'il avait conservé. Il parvint ainsi à obtenir une chute totale de 7 mètres, d'une force de 150 chevaux. Il creusa en même temps un canal de fuite, long de 1.400 mètres, y planta des arbres qui sont aujourd'hui très beaux et agrémentent le paysage.
L'usine était construite en 1803. Elle occupa 600 ouvriers et produisit 1.500 livres de coton par jour. La population de la commune augmenta : le Vast comptait 1.706 habitants en 1831 ; il n'en compte plus que
500.
Les fils de l'industriel succédèrent à leur père ; Puis, sa petite-fille épousa M. Hippolyte de la Germonière, originaire de Touraine, qui resta seul à la tête de l'usine en 1856. Il s'associa son fils Edmond ; et tous deux continuèrent les affaires jusqu'en 1886, époque où ils les abandonnèrent par suite des funestes traités de 1860. L'usine fut démolie en 1891 et 1892. L'ancienne maison fut transformée en une belle demeure " le château " qui s'encadre très harmonieusement dans cette fraîche et romantique vallée.
Le souvenir de la filature revit dans les magnifiques cascades qu'on admire de la route à travers un sous- bois charmant. C'est la chute d'eau qui a été ainsi transformée,par la maison Combaz, à laquelle est due la cons-truction des cascades du bois de Boulogne. On les croirait naturelles, tant les rochers ont été placés avec art.
Et le bruit de l'eau qui tombe sans cesse est un gazouillis délicieux aux oreilles du voyageur.

(1) A. Le NORDEZ, Propos normands.- Depuis qu'ont été écrits ces amusants " propos ", des touristes sont venus au Vast, des artistes aussi, tel le bon peintre Maurice Pigeon.
(2) Voir les références dans Louis Drouet : Recherches historiques snr les 20 communes du canton de Saint-Pierre-Eglise.


ELISABETH DOZIERE , nièce de CHARLES BIRETTE